Sur les traces de Ferryville – Lili et Elise du 21 au 28 Aout 2007

 

Mardi 21 Aout

 

Lorsque le réveil a sonné à 4 heures,  je n’ai pas eu de mal à sauter du lit, j’allais enfin retrouver Ferryville …. En ce jour de mes 66 ans,  j’avais gommé d’un seul coup les cinquante dernières années….

 

Un vol sans histoire jusqu’à Marseille et la rencontre avec Lili, chaleureuse et gaie, je la découvre comme je l’imaginais : simple, gentille et, comme moi, impatiente de retrouver nos « racines ».

 

Doucement l’avion se pose et au moment où il touche terre une immense émotion m’envahit, les larmes montent « je suis chez moi »  Seuls celles et ceux qui ont fait ce voyage avec la même soif de recherche ont pu ressentir ce sentiment puissant et indéfinissable qui prend « aux tripes ».

 

Les bagages sont là, la voiture est prête et je suis rassurée : Lili connaît bien Tunis et doit nous amener directement chez Lucien qui nous attend environ dans une heure : il est 11 H 40. Mais Tunis, à cette heure de la journée grouille et je reconnais que personnellement je n’aurais pas été très à l’aise, la signalisation de surcroît ne s’adresse qu’aux initiés…. Bref, après avoir visité dans le détail le centre ville, et nous être largement renseignées auprès d’une dizaine de passants (tous charmants et très coopératifs), nous entrons à 13H30 dans la cour de la cathédrale. Un petit quart d’heure pour trouver comment s’ouvre le coffre de la voiture et dring……… nous tombons dans les bras de Lucien, souriant, l’air heureux. Une vraie joie d’être dans une maison amie. Mickey est là aussi et il y a Livio, Fulvio et une de leurs amis : charmante. La conversation s’anime de suite et lorsqu’arrive le couscous, vous devinez….

 

 

En discutant avec Mickey, nous découvrons que nous avions un ami commun : le Père Damoran, notre ancien curé de Cestas pour lequel j’avais beaucoup d’amitié et qui avait officié avec l’aumônier militaire aux obsèques de Roland. J’avais en ce jour de mon anniversaire, d’un côté le prêtre qui m’avait marié il y a 46 ans et de l’autre quelqu’un qui me rattachait à un événement au moins aussi fort. Vous pouvez imaginer ce qui ce passait à l’intérieur : un tremblement de terre, 8 sur l’échelle de Richter.

 

Arrivent très à point deux adorables jeunes filles :  Yasmina, magnifique, artiste peintre et professeur pour handicapés accompagnée d’ Hajer, très belle jeune fille,  dont le handicap est à peine perceptible (sa maman a réussi à force de courage et de persévérance à la faire parler alors qu’elle était sourde et muette). Une très belle leçon de vie. Elles posent ci-dessous avec Mickey sous une des œuvres de Yasmina.

 

 

Avant de partir Mickey accepte gentiment de nous faire visiter la cathédrale et c’est l’occasion de remercier le Ciel de nous avoir offert ces moments privilégiés.

 

En route pour Bizerte, nous ne résistons pas à l’impatience de retrouver Ferryville et nous entrons dans Menzel. Arrêt à Monoprix pour les achats de survie et grosse déception de Lili qui ne trouve pas de rayon « Picard ».

 

Visite à Béchir, je découvre un homme charmant, ouvert et tellement heureux de retrouver Lili et de parler de l’époque où ils jouaient ensemble. On discute et on découvre que Béchir a le même âge que moi et que nous fréquentions le collège à la même époque « je me disais bien que ton visage me rappelait quelqu’un » (je suis extrêmement flattée…). Nous parlons de notre site, du forum et je lui demande pourquoi il n’a pas Internet. Alors, me montrant sa vieille maman malade et très prenante il me répond « pour moi, voilà Internet…. ». Nous avons bien ri mais je veux rendre hommage à cet homme qui sacrifie beaucoup de sa vie pour donner à sa mère une fin de vie digne et paisible.

 

En rentrant nous faisons un arrêt à la plage Cellier toute proche : mon adolescence,  les jolis moments de découverte avec Roland…. Je ne suis plus dans le moment présent.

 

Dans Menzel on passe devant la maison où j’ai habité durant 20 ans… ça a bien changé mais je superpose très facilement l’image de ce que j’ai connu. Un peu plus loin une pancarte « Café Chenouffi ». Deux hommes sont devant, je m’approche et demande « vous êtes Monsieur Chenouffi ?? » Un grand homme paasablement éméché se trompe sur mes intentions, il n’est pas de la famille de Nourry et je regagne à toute vitesse notre voiture où m’attend une Lili hilare…

 

Juste avant Bizerte nous passons devant la base aérienne de Sidi Ahmed, tous ces jeunes militaires m’en rappellent tellement un autre..

 

Arrivées à l’hôtel, une frayeur de découvrir que les fenêtres ne fermaient pas .. mais on change de chambre et c’est enfin après 20 heures que nous pouvons nous installer sur la terrasse, face à la mer, et admirer, éreintées mais heureuses, un superbe coucher de soleil sur notre chère Méditerranée.

 

Mercredi 22 Aout

 

6H10 le soleil se lève sur la mer : un disque orange et magnifique (je comprends que les égyptiens aient pu le déifier tellement c’est beau). J’ai encore du mal à réaliser que je suis là, dans le pays de mon enfance.

 

Le petit déjeuner comporte des bambolonis mais un peu décevants, ils n’ont pas la légèreté de nos « fteirs.. »

 

Départ pour Menzel et arrêt au collège. A l’entrée une dame charmante à qui nous demandons si nous pouvons entrer en expliquant que nous sommes anciennes élèves. Elle nous accueille chaleureusement. Elle s’appelle Madame Mekki née Ben Chaban (Mimi, on a pensé très fort à toi…). Elle est professeur de français et nous parle de madame Barton, la maman du Gérald de Marie-Rose….

 

 

 

 

Ci-dessus de la cour du collège et de l’endroit où se passait la remise des prix en fin d’année. Tout y est.

 

Je veux absolument revoir l’église. Pour la première fois depuis notre départ en 61, la porte est ouverte et l’on entre. Une bibliothèque. Les murs couverts de rayonnages, des jeunes attablés, studieux devant des ouvrages. Deux mezzanines latérales ont été rajoutées et les vitraux sont là mais recouverts de peinture. Le sol est resté le même. Il dessine l’allée vers le chœur et son emplacement. La deuxième porte en bois est là aussi de même que la petite porte sur la droite. J’essaie de trouver les mots pour vous dire ce que je ressens alors. Je ne peux pas. Dans ce même endroit, j’ai été baptisée, j’ai fait ma première communion, ma profession de Foi, je me suis mariée, j’ai prié près du cercueil de mon père, toute une vie résumée là. Je revois nos prêtres, les religieuses, ma famille, mes amies (Denise, Lina, Annie, Marie Thérèse, Jeanine, Paulette…. Vous êtes toutes là. Toutes celles et ceux  du forum aussi). Je prie très fort et je ressens que je suis entendue.

Nous partons à regret.

Entre les marches le joli figuier d’avant renaît :.

 

 

En face la maison de Mimi

 

 

Et à côté l’école des sœurs. Tout est pareil. Les bâtiments, la cour, le banc de granit rouge où je passais tant de récréations à genoux parce que j’étais punie.

 

 

 

En face l’école St Joseph. La vue est occultée mais j’arrive à voir la cour et j’imagine les kermesses (la poste restante etc…), Lucien dans sa soutane claire…

En allant vers Guengla on monte à Sidi Yaya à la recherche du grand caroubier et de nos petits flirts d’adolescentes…

 

Nous passons chercher Béchir pour déjeuner au Foyer du Marin avec Monsieur Savi appelé Fano par ses amis. Je découvre un homme incroyablement jeune pour ses 80 ans. Dynamique et animé d’une vraie passion pour ce pays et pour ses habitants. Il parle des travaux au cimetière. Nous devons y aller après le repas. Le repas, simple mais délicieux : une slata méchouia non piquante et un poulet basquaise mais au goût des épices orientales. En dessert un melon blanc qui me laisse un souvenir impérissable de douceur et de parfum.

 

Nous allons prendre un thé à la menthe dans l’ancienne boulangerie Randazzo. Au mur des photos de l’établissement avec devant les aïeux de Lili, je la sens extrêmement émue. D’autres photos marquées « Ferryville » et montrant le Farfadet et quelques vues de notre ancien « Petit Paris ».

 

Promenade pédestre sur l’avenue de France avec Béchir, Lili est partie faire une course. Je désigne du doigt  l’emplacement du magasin Msika, la pâtisserie Pique, la pharmacie Rochegude, lorsqu'un monsieur nous aborde. S’adressant à Béchir qui a les cheveux blancs et  les yeux bleus il nous dit « vous êtes parisiens, je suis attablé avec le docteur X  et il serait très heureux si vous acceptiez de vous joindre à nous pour le thé ». Amusée mais un peu méfiante je décline fermement l’invitation quand arrive notre Lili « pourquoi pas s’exclame-t-elle » et de traverser la route à la rencontre du docteur en question….

Je dois reconnaître que nous avons passé avec ces deux messieurs intéressants et cultivés un excellent moment. Ils voulaient que nous leur parlions de la France et souhaitaient connaître nos impressions sur la Tunisie d’aujourd’hui..

 

Plus d’une heure après nous sommes en route pour le cimetière. Le cœur battant nous nous garons devant la grande grille peinte en noire. A peine descendus nous voyons arriver la gardienne à 110 à l’heure  pour comme dit notre parisien Béchir « ouvrir la cage à trappes ».

Avec un peu de difficultés nous l’éloignons pour aller chacune de notre côté, retrouver nos pères. Non, nos papas, car à ce moment là nous n’étions plus des mamies mais seulement deux pauvres petites filles assaillies de souvenirs, de remords, de sentiments compliqués mêlés de tristesse et d’apaisement. Nous étions là, près d’eux, nous pouvions leur parler avec ce sentiment de proximité que je ressens encore à ce moment précis. En fait je pense avoir fait ce voyage tout exprès pour cela et je sais maintenant que j’ai atteint mon but. Il fallait que je sois SEULE avec lui pour lui dire tout ce que la femme que je suis devenue  avait de reconnaissance et de fierté d’avoir été sa fille et aussi comment il pouvait être fier de ses petits enfants et de ses arrière petits enfants.

 

Retour à l’hôtel. Lili souhaite se reposer et je pars à la plage où je fais la connaissance de plusieurs jeunes qui tout au long du séjour sont venus me retrouver là le soir et partageaient, selon leurs dires, le plaisir de conversations fournies.

 

Jeudi 23 Aout

 

Le temps est beau et le petit déjeuner sur la plage se prolonge un peu. C’est agréable. On fait la connaissance de deux italiens sympas (ne gambergez pas, nous pensons qu’ils étaient en couple… eh oui..).

Puis départ vers l’Ichkeul, un endroit idyllique que je ne connaissais malheureusement pas.
Donc je m’émerveille de tout : les oiseaux nombreux et variés, il paraît qu’il y a beaucoup de flamants roses mais nous ne les voyons pas. Le site est merveilleusement protégé et entretenu. Une source chaude me donne l’occasion d’un bain de pieds qui me faisait la sensation d’un bain de jouvence. Cependant l’eau se raréfie et les berges du lac ont reculés de façon spectaculaire.

 

Nous repartons vers Bizerte avec un arrêt à la ferme Tardi où Lili retrouve avec plaisir son ami Malek.

 

Il est maintenant midi et une petite faim nous taraude. On décide de se faire un petit plaisir et on s’offre « Le petit mousse" Qui ne s’en souvient ?? L’endroit est plutôt select et la cuisine raffinée. L’apéritif avec kémia et  : une brick à l’œuf cuite à point (ce qui n’est pas facile pour conserver à l’œuf son moelleux) et loup de mer grillé (un régal). Pour le dessert une tarte au citron encore légèrement tiède (un grand moment gastronomique.

 

Près de nous des français, ils sont gais, à peine plus jeunes que nous et inévitablement au dessert la conversation s’entame.

-         Nous sommes en vacances à Hammamet et nous passons la journée à Bizerte 

-         Cela vous plaît ??

-         Je ne connais pas mais ma mère est de Ferryville

-         Ah, elle aussi ! comment s’appelle-t-elle ?

-         Denunzio et vous

-         Elise S..

-         Mais ma mère connaissait bien un garçon de ce nom : Charles

-         C’est mon frère…….

 

Vous devinez la suite on se découvre tous des connaissances communes et on échange les e-mails. Après avoir embarqué  les petits makrouds qui accompagnent le café nous partons et  une heure plus tard on les retrouve sur la route du Cap Blanc émerveillés comme nous du spectacle de cette mer magnifique.

 

Vendredi 24 Aout

 

La clim a provoqué une grosse allergie et la nuit a été difficile.

Mais le serveur a la gentille attention de préparer les bambolonis tout chauds et ça requinque..

Visite au marché : coloré, bruyant, odorant (pas toujours dans le bon sens.

On achète deux magnifiques daurades royales que l’on fait préparer et garder… Puis visite chez le marchand de plantes où l’on prend des fleurs fraîches pour le cimetière (Lili prend deux beaux jasmins pour ramener à ses amis.

En passant à Tindja , arrêt obligatoire pour faire partager à nos copines ce moment : Marie-Rose, Marie, Eliane, Mamy, Jérôme et Gisèle sont là, avec nous et nous photographions des endroits qui leur sont chers :

La villa Violette

 

 

L’école

 

 

En chemin, arrêt à la ferme de L’Utaim, les travaux avancent bien et les vaches sont en pleine forme.

 

Au cimetière les travaux avancent à petit pas car les ouvriers sont assis sous un arbre et nous expliquent qu’il fait trop « SROUN, SROUN,…. »

Lili souhaite retrouver les tombes de plusieurs amis et on parcourt les allées. Beaucoup de noms ont disparus, d’autres tombes sont bien mal en point. Quelques unes sont même effondrées et les cercueils visibles. C’est poignant. Mais il est vrai que si les parties communes sont prises en charge, il dépend à chacun d’entretenir les sépultures. Cependant, comme le dit si bien Lili, nous sommes la dernière génération à se souvenir si fort. Pour nos descendants, trop de temps se sera écoulé…..

 

A midi retour vers Bizerte où les daurades sont récupérées et confiées au propriétaire du « Marco Polo » qui nous les fait griller sur des braseros devant le restaurant. C’est délicieux et haut en couleurs… Au passage on conseille à des gens de faire comme nous et c’est comme ça que le Marco Polo fait des affaires sans verser de royalties à Michel qui est à l’origine de cette découverte .

 

L’après midi visite à Gar El meh , anciennement Porto Farina. Un petit port très agréable où l’on sirote un délicieux thé à la menthe au bord de l’eau.

 

Puis tout au bout une plage magnifique mais très peuplée. On se baigne avec délice et on fait la causette avec une tunisienne charmante.

 

Au retour traditionnel Ricard/olives/tapenade sur le balcon face à la mer.

 

Samedi 25 Août

 

Aujourd’hui nous nous séparons. Lili part à Tunis pour la journée avec Béchir. Ils ont un programme chargé : visites à la famille et courses dans les souks. Je renonce à ce voyage et passe la journée à Bizerte.

Le matin je flâne sur le port, le marché, les boutiques sur la place. J’achète des cartes postales et je discute très longuement avec le propriétaire de la boutique. Il me raconte comment les français lui ont appris « gratuitement » à jouer au tennis et comment il est devenu un champion au niveau national. Il me pose mille questions sur notre vie d’avant et de maintenant. Je fais de même. Une conversation amicale et chaleureuse. Il me retient, on sent qu’il partage ce plaisir de la communication.

 

Retour vers l’hôtel, pieds nus, le long de la plage. Quelle douce sensation ! Je m’arrête et je passe deux heures à me baigner, à me ressourcer, à bavarder avec une famille qui passe la journée là…

 

Déjeuner au restaurant de l’hôtel, la salade tunisienne se transforme en incendie buccal et il me faut un robs tabouna entier pour calmer des papilles en feu.

 

Sieste reposante et rédaction de cartes postales aux amis.

 

Lili rentre épuisée, déçue, elle n’a pas trouvé ce qu’elle voulait et le restaurant qu’elle espérait était fermé.

 

Pour la consoler je lui prépare un méga apéritif et nous nous prélassons sur la terrasse face à la mer en évoquant inlassablement nos souvenirs d’enfance.

 

Dimanche 26 Aout

 

Journée particulière : nous allons à Takrouna. Voilà si longtemps que j’attendais cette visite. Les uns après les autres les amis du forum s’y rendaient et nous racontaient comment tout était si fabuleux.

 

Avec Lili, sachant que la saison touristique bat son plein, nous décidons d’attendre le début de l’après midi pour rendre visite à nos amis . Et nous faisons un arrêt à Yasmine Hammamet.

Etrange cette ville nouvelle. Construite un peu à la façon de Cannes ou de Nice. Avec une grande avenue bordée d’un côté par la mer et de l’autre par d’innombrables hôtels de luxe. C’est accueillant mais déroutant. On n’est plus en Tunisie et on peut se croire à Cagnes sur Mer, ou dans quelques stations balnéaires espagnoles ou italiennes. Je ne suis pas sure d’aimer.

 

Les commerçants sont nombreux et ont une politique de vente assez agressive et non concertée, de sorte que j’ai acheté à ma petite fille de jolies babouches incrustées de perles, deux fois moins chères que dans la boutique voisine.

 

Déjeuner (pour touristes) en bord de plage et départ pour Tak (comme l’appelle Aïda). Bien sur la route est animée. Non Lili, je sais, tu ne te trompes par de chemin, tu prends l’itinéraire bis (et parfois même le ter), mais c’est tellement agréable que le temps passe vite et nous arrivons sur le Rocher Bleu après avoir pris en stop un habitant de Takrouna ravi de se faire transporter par deux mamies sympathiques…

 

Lili me demande de rentrer la première, la jolie salle est vide, une belle jeune fille s’approche. Je luis dis que je souhaite voir Aïda et elle appelle « Madame. Arrive notre amie, je la reconnais bien sur. Mais pas elle, elle est si émue qu’elle me prend d’abord pour Michèle, puis pour Gisèle et quand Lili arrive ce sont des effusions sans fin. Mille questions et le thé à la menthe aux pignons. Je jure que c’est le meilleur que j’ai bu de toute ma vie. On a beau assurer que nous avons déjeuné, nous nous retrouvons devant une assiette d’olives luisantes et appétissantes, des poivrons au citron, un robs tabouna exceptionnel et nous voilà toutes les trois trempant notre robs dans de l’huile d’olive d’un parfum incomparable.

 

Arrivent Hichem et son frère. Ils reviennent d’une belle balade où ils ont pris de nombreuses photos. Ils n’ont pas déjeuné mais au lieu de le faire Hichem part nous préparer des crêpes avec une farine spéciale (excuse moi Aïda, je ne me rappelle plus à base de quoi). Par contre je n’oublierai jamais comme elles étaient délicieuses accompagnées de confiture d’abricot et surtout de cette amitié tellement chaleureuse . Nous bavardons longtemps, nous visitons le joli musée qui retrace la vie traditionnelle des tunisiens. Beaucoup de références  à cet oncle adoré, un artiste exceptionnel dont nous pouvons découvrir les œuvres dans un magnifique livre (que l’on pourra peut être se procurer bientôt, Inch Allah ).

 

Mais le soir tombe vite et nous somme à plus de 170 kms. A regret, nous quittons nos amis et empruntons l’itinéraire bis, bis, bis….

 

A 22 heures nous sommes à l’entrée de Bizerte, vraiment fatiguées. Je ne rêve que de repos. Mais un contrôle de police nous somme de nous arrêter.

-Bonsoir, vos papiers s’il vous plait. (Je stresse j’ai laissé mon passeport à l’hôtel mais cela ne concerne que le conducteur, donc Lili)

-Avez vous quelque chose à déclarer ?

-Non, rien…

-Qu’avez vous dans le coffre

-(Moi) Rien

-(Lili) La tartaruga (comprenez un sac en forme de tortue dans lequel nous mettions nos affaires de plage)

-Une tortue ??

-(Moi) Mais non c’est un sac de plage

-(Lili) Vous voulez la voir la tartaruga ? (je peste mais notre Lili a un fou rire d’enfer et descend lui ouvrir le coffre….

 

Vous avez compris que le policier s’ennuyait sur la route et qu’il trouvait amusant cet intermède. Moi beaucoup moins surtout que mes enfants attendaient le coup de fil disant que nous étions bien rentrés.

Sur le moment j’ai paniqué mais maintenant j’en ris davantage.

 

Lundi 27 Août

 

Veille du départ. Nous sommes un peu tristes et nous décidons de consacrer la journée à Ferryville.

 

Nous nous promenons dans toutes les rues. Nous prenons des photos des maisons des copines et des copains. Un vieux monsieur s’approche et nous questionne. Lili décline son identité et il s’illumine. Il lui parle de son oncle mais surtout, surtout de son papa. Un homme très très gentil, avec un Vespa, et qui est parti beaucoup trop tôt. Notre Lili est très émue.
Un peu plus loin elle demande un renseignement sur le nom d’une rue et elle se découvre avec son interlocuteur un tas d’amis communs dont une grande partie de la famille de Nourry. Son neveu se marie le soir même. Il nous invite au mariage. A regret nous déclinons et la visite continue. Dans toutes les rues des souvenirs, des anecdotes.
Puis le cimetière. Lili veut voir le cimetière Juif : triste spectacle. Il n’est pas gardé et il ne subsiste presque plus rien. Je pense à titi Djeima, je suis triste.

En face les travaux avancent sous la houlette de Fano Savi. Il dirige de main de maître et on sent que les ouvriers ont à cœur de lui faire plaisir.

Un dernier adieu aux nôtres.

 

Déjeuner au foyer du marin avec Fano et Béchir. C’est vraiment sympa. De là nous partons à la plage Rondeau. Un amoncellement de pierres : les vestiges de toutes les constructions qui ont fait nos délices il y a 50 ans. Lili prend beaucoup de photos et j’évoque avec Béchir ce passé qui a meurtri les deux côtés.

 

Voilà, les vacances sont finies. Il ne reste plus qu’à rentrer préparer le départ.

 

Mardi 28 Août

 

Heureusement j’ai le cœur en fête parce que c’est l’anniversaire de ma fille. Cela me sauve d’un malaise qui aurait certainement atteint gravement mon moral autrement.

 

Nous faisons une halte au duty free pour un peu prolonger l’exotisme grâce à quelques produits locaux que je me fais confisquer au contrôle.

J’étais déjà triste de quitter Lili avec laquelle nous avons passé des moments vraiment délicieux. Nous avions l’impression de nous connaître depuis toujours et je veux la remercier du fond du cœur pour la gentillesse et la patience dont elle a fait preuve tout au long de ce voyage que je ne suis pas prête d’oublier.

 

 

Excusez moi d’avoir été si longue. J’avais promis à Jérôme de noter chaque jour ce que nous faisions…

J’espère vous avoir fait partager un peu de ces émotions en vous ramenant chez vous, chez nous, à FERRYVILLE  et en rendant hommage à tous les gens formidables que nous y avons rencontrés.